Le risque que du tungstène, de l'étain, du tantale et de l'or (3TG) entachés de droits humains entre dans les chaînes d'approvisionnement des entreprises technologiques s'étend bien au-delà du foyer traditionnel des « minerais de conflit », la RD Congo et la région des Grands Lacs d'Afrique, selon une nouvelle étude. de la société d’analyse des risques Verisk Maplecroft
Le nouveau Commodity Risk Service de l'entreprise révèle que les travailleurs impliqués dans l'extraction du 3TG, qui sont essentiels à la production de smartphones et d'ordinateurs, sont exposés à une série de violations des droits humains dans bon nombre des plus grands pays producteurs du monde. Surtout, bon nombre des risques posés par les minerais 3TG en dehors de la République démocratique du Congo et de ses pays voisins sont négligés par de nombreuses entreprises, malgré le fait que leurs chaînes d'approvisionnement pourraient être liées à des groupes armés et avoir de graves impacts sociaux et environnementaux.
Au niveau le plus grave, l'analyse de Verisk Maplecroft montre que les minéraux 3TG sont produits sur des sites sous le contrôle de groupes armés au Myanmar et en Colombie afin de financer la violence. L’armée unie de l’État de Wa est impliquée dans la production d’étain dans le nord-est du Myanmar – dont la production est attribuée aux usines chinoises produisant des produits électroniques – tandis que des groupes armés, tels que l’ELN, contrôlent les opérations d’extraction d’or et de tungstène en Colombie.
« La législation américaine sur la chaîne d'approvisionnement en matière de déclaration obligatoire et de traçabilité s'est concentrée sur les minéraux 3TG provenant des Grands Lacs », déclare Stefan Sabo-Walsh, directeur de la recherche sur les matières premières chez Verisk Maplecroft. « Cela peut laisser les entreprises technologiques se concentrer sur une seule région malgré la myriade de risques présents ailleurs dans leurs chaînes d’approvisionnement. »
L'étain identifié comme le 3TG le plus à risque en matière de violations du droit du travail et le travail des enfants est répandu
Scénarios d'approvisionnement en 3TG : les ensembles de données de Verisk Maplecroft révèlent les risques « cachés » de la chaîne d'approvisionnement. Dans son évaluation de 20 problèmes clés en matière de droits de l'homme et d'environnement liés à l'extraction de minéraux 3TG à l'échelle mondiale, Verisk Maplecroft identifie l'étain comme étant le minéral 3TG présentant le risque le plus élevé de violations des droits du travail. En dehors de la République démocratique du Congo, le travail des enfants présente un « risque extrême » dans trois des huit plus grands pays producteurs d'étain – la Bolivie, le Myanmar et l'Indonésie – tandis que cinq sont également identifiés comme « à haut risque » de travail forcé, dont la Chine et le Pérou. La recherche souligne que l'esclavage au Brésil et en République démocratique du Congo présente un « risque extrême » pour les chaînes d'approvisionnement.
Les violations de la santé et de la sécurité au travail sont également répandues dans les plus grands pays producteurs d’étain. Il s’agit d’un problème particulier dans le secteur minier informel, où les mineurs artisanaux et les communautés environnantes sont régulièrement exposés à des dangers, notamment des effondrements de mines et la propagation de maladies telles que le paludisme.
Le tantale, largement utilisé dans la production de produits électroniques, est également fortement lié au travail des enfants, les pays producteurs du Mozambique, du Burundi et du Rwanda étant classés comme « à risque extrême » pour ce problème.
Selon Verisk Maplecroft, le travail des enfants et d'autres violations des droits de l'homme sont beaucoup moins susceptibles de constituer un problème pour les grandes sociétés minières internationales responsables, en raison de leur application des meilleures pratiques internationales. Le problème des entreprises technologiques est qu’elles ne savent souvent pas si les métaux utilisés dans leurs produits proviennent d’opérations gérées de manière irresponsable – qu’elles soient industrielles ou artisanales – car elles manquent de visibilité sur leurs chaînes d’approvisionnement au niveau de la mine ou de la fonderie. Cela les expose au risque que leurs produits contiennent du tantale et d’autres minéraux extraits par des travailleurs mineurs dans des conditions extrêmement dangereuses.
Pollution des ressources en eau dans la production de 3TG ayant un impact sur la santé et les moyens de subsistance
Sur le plan environnemental, la production irresponsable des minéraux 3TG est souvent étroitement liée à la pollution de l'eau, qui peut avoir de graves conséquences sur la santé et les moyens de subsistance des populations locales, affectant l'eau potable et les cultures. La République démocratique du Congo, le Pérou, la Chine, l'Afrique du Sud et la Russie reçoivent des scores « extrême » ou « à haut risque » pour cette question dans l'évaluation de l'or de Verisk Maplecroft, tandis que sept autres des huit plus grands pays producteurs d'étain sont classés comme « à haut risque ».
« Les entreprises se sont à juste titre concentrées sur l’élimination de leur utilisation des minéraux 3TG liés au conflit en République démocratique du Congo », ajoute Sabo-Walsh. « Cependant, les organisations doivent avoir une vue d’ensemble lorsqu’elles s’approvisionnent en minéraux dans différents pays – sinon elles risquent une réaction négative des consommateurs ou des sanctions réglementaires dues à l’ensemble des législations émergentes sur la chaîne d’approvisionnement, telles que celles qui devraient entrer en vigueur dans l’UE. »